Lever aux aurores ce matin, ça pique les yeux. Debout à 7h, nous nous préparons avant de descendre prendre le petit déjeuner pour être dans la voiture de Snoopy à 8h. Bonne surprise : la réception nous fait apporter le petit déjeuner en chambre, comme des rois !

Bon, le repas n'est pas à la hauteur de la chambre. De simples tartines de pain grillé avec beurre et confiture, et des sandwiches club (triangles de pain grillé) tomates-concombre-mayo. Ca finit par faire beaucoup de pain, tout ça. Et comme ils ne savaient pas ce que nous buvions, ils n'ont porté que du café. Mauvaise pioche, c'est du thé qu'on veut. Le petit gars repart et revient 5 minutes après avec le masala tea pour Monsieur Pentax et le thé simple pour Monsieur Nikon.

A 8h et des brouettes, nous grimpons dans la voiture, toujours accueilli par le même visage fermé de notre cher Sunoo. Direction le Fort d'Amber.

 

AMBER

 

Amber se trouve à une dizaine de kilomètres de Jaipur et fut pendant longtemps la capitale des maharajas de Jaipur. Elle est dominée par une extraordinaire forteresse, amarée sur un piton rocheux, et ceinte de remparts courant sur 9 km le long des crêtes environnantes.

 

La forteresse nous apparaît au détour d'un virage et nous tire encore une fois une exclamation d'émerveillement. Baignée de soleil car orientée plein est, la façade jaune à niveaux est juste magnifique. Dommage que le lac artificiel en contrebas soit quasiment à sec.

Nous nous sommes arrêtés en cours de route pour prendre un autre guide dont Snoopy nous avait parlé hier, pour la visite. Pour une fois, il avait raison, un guide était nécessaire. Il a également bien tenté de nous arrêter ailleurs mais nous lui refusons net et il n'insiste pas. Il se plaindra après coup au nouveau guide, certainement. On s'en moque.

On peut accéder à l'intérieur du Palais soit à pied, soit en voiture, soir à dos d'éléphant. On les voit d'ailleurs, à la queue leu leu sur la voie pavée qui zigzague au loin vers l'entrée de l'édifice. Ils sont tous équipés d'un palanquin placé sur une couverture rouge et transportent les touristes sur le dos, en suivant les indications et brusqueries de leurs kornaks.

Evidemment, ça doit être un petit kif de rentrer dans la citadelle à dos d'éléphant, comme les riches invités d'antan, mais nous avons lu dans nos guides qu'il était préférable d'éviter d'entretenir ce commerce car les bêtes sont très souvent maltraitées. Nous nous abstiendront donc. Un peu de sens éthique n'a jamais fait de mal. Les éléphants ne sont que des femelles. Les mâles sont trop caractériels apparemment et des accidents sont survenus dans le passé. Les montées par éléphants s'arrêtent à 11h du matin à cause de la chaleur. Et chaque animal ne doit faire que 5 montées par demi-journée.

 

 

Nous pénétrons donc dans le complexe par la voie piétonne, qui à mi-parcours rejoint celle des éléphants. Entre ceux qui montent et ceux qui descendent, y'a plutôt intérêt à regarder des deux côtés si l'on veut traverser pour prendre des photos avec un peu de recul ! L'entrée en elle-même est digne d'un film. On pénètre avec ces bêtes tout autour sur une gigantesque place où se mêlent touristes, éléphants, employés du château costumés à l'ancienne avec leur turban et la longue veste. Beaucoup sont entre deux âges, le visage barré d'une grosse moustache, la peau très foncée.

Au balcon du bâtiment d'en face, deux musiciens jouent un air traditionnel entraînant rythmé par d'énormes tambours. L'ambiance est vraiment sympa. J'ai l'imagination fertile, et l'espace d'un instant, elle me projette instantanément dans un passé lointain, sur le site d'un bazar oriental. Je n'ai aucun mal à me représenter la même scène mais distante de quelques siècles. Ici, mais au 12e ou 13e siècle, avec les montreurs d'animaux, les charmeurs de serpent, les vendeurs de draperies, de soie, de tapis, les colporteurs, les chameliers, les voyageurs et riches marchants, tout ce petit monde évoluant, parlant, échangeant au son des flûtes orientales et des tambourins, au milieu des odeurs d'épices, de friture, des cris, des rires, des harangues... je crois vraiment que je suis né bien, bien trop tard dans ce monde !

  

Le guide nous fait une visite intéressante, son français est par contre assez approximatif et il est parfois difficile de le comprendre. Nous enchaînons les cours intérieures, les couloirs dissimulés, les salles d'audience, publique ou privée, et en particulier la plus remarquable : le Diwan-i-Am, une surface carrée ouverte et couverte, dont les piliers externes sont en grès rouges qui contraste avec le marbre blanc des colonnes intérieures. Tous les piliers sont surmontés de chapiteaux en forme de têtes d'éléphant.

 


Ferme les yeux, lecteur, et imagine le maharaja trônant ici, dans un fauteuil d'argent, sur un sol jonché de riches tapis dont on peut voir certains de nos jours au City Palace de Jaipur. Le peuple était invité à venir voir et parler avec le roi. La reine, les favorites et servantes observaient les audiences depuis le balcon de l'autre côté de la cour, cachées du regard des hommes par les moucharabiehs de marbre ciselé. Elles se trouvaient dans la partie privée des appartements du palais, à laquelle on accédait en passant par la Ganesh Pol, la Porte de Ganesh, une porte massive couverte de motifs floraux.

Et c'est depuis ce balcon, par une minuscule fenêtre ouverte juste au dessus de la Porte que la reine et les autres femmes du harem jetaient des fleurs et des pétales de roses sur le maharaja lorsque celui-ci rentrait, après des mois passés en campagne.

 


Tout n'est que légèreté, délicatesse, subtilité : des murs de marbres refroidis par de l'eau parfumée à la rose, des femmes qui vivent dans leur harem mais qui ont un accès caché à la vie politique du roi, c'est un autre monde...

Et que dire du palais d'hiver..? Les murs et le plafond du Jai Mandir sont constellés de petits miroirs qui, jadis, reflétaient la lumière de lampes à huile, alors que des tentures protégeaient de l'air frais.

 

 

ESSAYE ENCORE

 

En quittant le palais, nous croisons le chemin de ce vendeur de statuettes en bois. Tu la sens venir, l'anecdote, lecteur assidu ? On se fait accoster comme n'importe quel autre touriste (quand ce n'est pas Olive, dix fois par jour, qui se fait aborder par un Indien pour lui tripoter les biceps en lui souriant, le pouce levé : "musculation? Bieeen!"), nous nous faisons accoster, disais-je, par ce vendeur de statuettes. Il fait le job, nous fait l'article : une statuette de Ganesh, bois de santal, magnifique, incomparable, irréelle, 1500 roupies. 21 euros.

On lui sourit et on tourne la tête. Olivier a déjà vacillé. PILE POIL DEVANT le vendeur, quasi- sous son nez, limite avec des panneaux de traduction en hindi au cas où il ne comprendrait pas, il me lance : "T'as vu, y'a Ganesh, j'en prendrais bien un, ils sont jolis, non ? Sinon, c'est beaucoup 1500 roupies ?"

Je m'écroule, le nez et les oreilles en sang. Puis je me relève prestement et lui dis de se démerder, qu'évidemment le mec l'a vu venir... et il l'empêchera de repartir. Olivier se retourne vers le vendeur, lui sourit et dit non, l'oeil détrempé. Pff, il n'a rien retenu.

L'autre, par contre, a tout compris. Il va nous coller quasiment jusqu'en bas pour nous caser ses merdes. Le vendeur revient vers moi (nous sommes en train de marcher, hein, il faut bien voir la scène) et me dit "20!

- 20 roupies? Super, c'est pas cher!

- non non, tu trompes!! c'est 20 euros !"

Tu m'étonnes que "je trompe". Il commence à endormir Olive en faisant des demi-conversions euros-roupies, je crois même l'entendre parler de deutsch marks à un moment (non, je plaisante, ça me fait rire), et il réussit un tour de maître : lui refourguer non pas une, non pas deux, non pas trois, non pas quatre, mesdames messieurs, mais bel et bien sous vos yeux ébaubis, cinq é-pous-tou-flantes mini-statuettes d'animaux en bois "avec des bébés à l'intérieur!!" pour 1000 roupies ! On était parti sur du 1500 roupies pour un Ganesh, et là, on a un Ganesh, un éléphant, un hibou, un dromadaire et je ne sais plus quoi d'autre pour 1000.

"Il t'a quand même fait lâcher 1000 roupies. 15 euros. Tu as acheté pour 15 euros de morceaux de bois." L'abattement.

  

[note du rédacteur : n'écoutez surtout pas mon père, si vous le croisez et que cette anedote, pour une raison ou pour une autre, venait dans la conversation, ne le croyez pas s'il vous raconte que j'achetais des morceaux de verre coloré quand j'étais gamin. Je ne l'ai fait qu'une fois, et il était beau, ce morceau de verre coloré. Et j'avais 5 ans, ce n'est donc résolument pas comparable !!]

 

JAIPUR

 

Retour à Jaipur. Les guides essayent encore de nous fourguer des visites guidées en voiture, histoire de bien nous montrer qu'ils sont aux petits soins pour nous et s'occupent bien de nous. Je leur dis que nous voulons être déposés dans la vieille ville et basta, on se revoit demain matin.

Discussion entre eux. Sunoo dit quelque chose à l'autre guide, assis à côté de lui dans la voiture. Celui-ci se retourne vers moi et me sourit "pourquoi vous voulez pas que nous vous amener visiter?"

Olivier s'y met. "On veut être seuls, on veut prendre notre temps, se déplacer en tuktuk et aller à notre allure." Bon sang c'est pas compliqué quand même. Ils baissent les bras. On convient d'un rendez-vous à 8h demain matin. Mouais. Ça sera 8h30. On file 500 roupies au 2e guide pour la visite du matin et on décampe.

En nous laissant, Sunoo nous rappelle de loin. "Je serai garé au parking sous les arbres, là-bas, 6h on se retrouve?" Non mais dis-moi pas que c'est pas vrai!! ON-NE-VEUT-PAS-DE-TOI-T'AS-PAS-D'AMIS?" ai-je envie de lui hurler. Re-explication. Puis nous partons dans un sens et lui attends de voir où nous allons. Fiers, nous ne ferons marche arrière que quand il sera parti. On s'était trompé de direction.

Jaipur est pour moi une assez grosse déception. Evidemment, Amber est magnifique, mais de Jaipur, j'attendais au moins aussi pittoresque, ausi exotique et beau que Jodhpur. Je rêve de cette ville depuis que je suis accro à l'Inde, c'est à dire, longtemps. Jaipur évoquait en moi le sommum de l'exotisme, comme Rangoon, avant qu'on y aille.

On en est loin. Autant à Jodhpur, nous pouvions avoir une vue panoramique sur la vieille ville et vraiment prendre conscience de ces fameuses maisons bleues. Ici, de la ville rose, on ne voit rien. Pas même Toulouse (ce qui serait étonnant, avouons-le). Une grosse déconvenue.

Nous déambulons deux bonnes heures dans le vieux centre et ses ruelles commerçantes, les bazars si photogéniques, nous faisons nos courses de voyages, mais rien qui suscite l'émerveillement. Le moral n'y est plus.

 


Nous réalisons néanmoins notre rêve le plus fou de ces 15 jours : manger aux vendeurs de rue. Le test gastrique ultime. Je me rappelle ce que le Lonely Planet répète sans cesse :

- manger là où les Indiens se servent. S'il y a de la commande, la nourriture sera fraîche. Sinon, ça sèche et pourrit au soleil et à la chaleur.

- pas de fruits à manger tels quels, car ils sont rafraîchis à grands jets d'eau... douteuse. Et évidemment, le sens commun prévaut.

Nous sommes exactement au bon endroit pour trouver les petits vendeurs : une ruelle longue comme un jour sans pain, écrasée sous le soleil au zénith (c'est bon pour les photos dans ce cadre). Les boutiques sont étroites, rarement plus de 2 mètres de large. On trouve tout le monde ici : coiffeur, dentiste (terrifiant - devanture verte ci-dessous), vendeur de chai et de café, couturier. On veut des photos, ça tombe bien, ils veulent qu'on les photographie. Séance sympa, tout en cherchant nos vendeurs sur leur chariots à grosses roues datant de Mathusalem.

 



Nous nous arrêtons finalement sur un type qui dodeline gentiment de la tête en guise d'accord pour une photo de sa boutique. Il cuisine des sortes de samoussas ronds farcis de viande. Certains flottent dans un wok énorme d'huile bouillante, en train de cuire. D'autres le sont déjà et patientent dans un présentoir fermé qui ressemble à un aquarium avec un carton dessus. Instinctivement, je cherche les mouches. Il n'y en a pas, ce qui est un bon signe.

 

Evidemment, ça serait mieux d'attendre la fin de la cuisson des plus frais. Mais il nous sert les autres. Dans un carré de papier journal. Hm. On se lance : super bon! Un peu épicé bien sûr, mais c'est vraiment très bon. Forts de cette première expérience, nous enjambons la bouse toute fraîche posée devant nous sur le trottoir et qui aurait le pouvoir, si l'un de nous glissait dessus, de nous gâcher la journée, et nous poursuivons notre route, jusqu'au prochain vendeur. Une question cruciale ne m'effleure même pas : où mettre le papier journal taché de gras? N'importe où. C'est triste à dire, mais que faire d'autre? On ne trouve pas de poubelles partout. Mais partout on trouve des amoncellements de bouteilles plastique, d'emballages, de papiers souillés, de nourriture avariée mangée par les vaches, les chiens ou les cochons. Les vaches mangent même du carton, on l'a vu !

Je balance donc ma boulette de papier dans une rigole débordant d'immondices. Olivier, lui, garde les bouteilles en plastique vides. C'est bien. Mais décourageant. Il trouvera néanmoins une poubelle plus loin. L'espace d'un instant, j'ai honte. Puis ça passe.

Le deuxième vendeur est carrément installé en dur. Ils sont deux ou trois jeunes et un plus âgé à tenir le commerce, ou enfin à être ici aujourd'hui. Nous leur commandons une première friture non-identifiée, qui de loin pourrait ressembler à un beignet d'omelette (c'est pour la couleur et la texture) en forme de tricandille (c'est pour la forme). C'est jaune, il y a des herbes, c'est très bon. Et nous leur prenons pour finir deux samoussas qui sont également succulents. Que de bonnes surprises !

  

Mais nous nous laissons déborder par le temps : on se rend compte qu'on a passé près de 3 heures à prendre des photos et acheter des bêtises pour le retour et nous n'avons visité rien de ce que nous avions plannifié avant de venir. Dans le désordre : un bazar, un minaret, le palais de la ville et un autre monument. Il est 15h30 et tout ferme à 17h en général. Nous ne verrons pas tout.

Nous laissons tomber le minaret, à mon grand désespoir. La vue au sommet était paraît-il splendide. Peut-être aurions nous eu un aperçu de cette ville rose... Nous optons pour le City Palace. On nous propose la visite "luxe" des appartements royaux : 2500 roupies par tête (35 euros). Même pas en rêve. Nous prenons la version "normale", qui est en fait la version "musée", à 500 roupies. C'est déjà bien assez cher (nos précédentes visites n'ont jamais dépassé 400 roupies par personne).

Amère déception, qui s'ajoute à la fatigue de la journée, arnachés comme on l'est, avec le matériel photo et les achats effectués (dont une batterie de photophores). Un bâtiment qui ne ressort en rien, nullement mis en valeur, abritant uniquement une collection d'artefacts historiques. Les musées, c'est bien, mais un dimanche pluvieux quand y'a pas Michel Drucker à la télé. Nous ne sommes pas fans des musées à l'étranger, lorsqu'il y a plein de choses vivantes à découvrir autour de nous. Nous effectuons la visite complète tout de même. Armumerie, vêtements, objets personnels, rien de fantastique.

 

Le lieu est en pleins préparatifs pour un mariage le soir même



Je n'en peux plus. Au bout de ma life, vraiment. J'ai le dos en compote. Nous marchons un moments le longs d'échoppes. Les tuktuks pullulent et vrombissent comme des moustiques autour de nous. Pui des commerçants alentours nous "forcent" gentiment à monter dans un temple, à l'étage d'un bâtiment donnant sur une avenue, d'où nous aurons une belle vue de la ville, soi-disant. Vue la hauteur de l'étage, j'en doute.

C'est le bramane qui nous reçoit, le prêtre du temple. Ce temple, il le possède depuis huit générations dans sa famille, après avoir été donné en cadeau par le maharaja de l'époque. La caste des bramanes a toujours joui d'un certain pouvoir, d'après ce que nous avons lu.

 

RETOUR

 

Vient l'heure du retour. Problème : comment revenir à l'hôtel... dont nous n'avons pas l'adresse. Moment... introspectif. Réfléchissons. L'adresse donnée par le site AirBnB vaut que dalle. Incomplète, pas claire, on ne trouve rien. Heureusement que la technologie nous vient en aide, et notre HERE est là, à la rescousse. On tape le nom de l'hôtel, il nous le trouve en une seconde. Nous hellons un tuktuk qui nous propose 150 roupies pour y aller. Je le regarde faussement surpris et lui explique que dans le magasin, là-bas, on nous a dit que ça serait pas plus de 100 roupies.

Il tord le nez et fais un geste de la main + un dodelinage. C'est OK pour 100! Trop fort, je suis. Olivier n'en revient pas. T.r.o.p. facile.

Le tuktuk a des ratés à 500 mètres de l'arrivée. Le chauffeur nous fait remarquer plus ou moins agréablement que nous sommes à 5km et non à 3 comme annoncé. J'ai envie de lui dire que son compteur, dont aucun chauffeur ne veut se servir, n'indique même pas les 100 roupies... mais je me tais. On descend et on lui laisse finalement ses 150, grands princes.

 

MISÈRE

 

Nous sommes deux loques. Arrivés en chambre, appel au room service parce que le petit déj n'a toujours pas été débarrassé depuis ce matin (un comble). Puis je commence à taper ce récit.

L'heure du dîner approchant, je lance une boutade. "Et si on se faisait livrer ?" La carte complète est en chambre, on n'a plus qu'à appeler et ils nous apporteront ce qu'on veut.

Finalement, on décide de descendre au resto de l'hôtel, histoire de voir du monde. Nous allons à la réception, annonçons que nous voulons dîner et le type nous amène dans la salle attenante, sombre. Une grande salle de dîner, avec juste une partie occupée de tables et de chaises. Pas un péquin. Pas une table mise. Rien.

On se regarde, on prend place sans un mot. Ils sont 3 serveurs autour de nous, fébriles. On nous explique que le restaurant est en rénovation, c'est pour ça que tout n'est pas installé. Ah.

La carte arrive. La même qu'en chambre, forcément. "Vous avez de la bière ?

- Non, désolé". J'en rêvais depuis deux jours. On discute un instant, puis au moment où le serveur veut prendre la commande, nous nous levons et partons en s'excusant. Pff quelle sortie minable. Le pauvre gars n'a rien vu venir, il est resté comem deux ronds de flan.

On va plutôt manger à l'extérieur, c'est plus animé. Après avoir tourné un petit quart d'heure, nous revenons dans la rue de hier, où nous avions mangé dans un restaurant de chaîne, un cadre propre, étincellant, du jamais vu en 2 semaines, avec des serveurs à la limite de l'obséquiosité : à vous tirer la chaise, à vous servir, à vous demander si la bouteille 'eau est assez fraîche... bon, un peu cher, mais quel bonheur. Donc, là, nous repassons devant et poursuivons vers le suivant.

Ils sont tous dehors, ils nous guettent. A peine nous passons devant qu'un serveur nous glisse un menu dans les mains (nous sommes encore dans la rue, hein?, encore une fois, il faut bien s'imaginer la scène) tandis que les autres nous scrutent. Ils ne nous regardent pas, non. Ils nous scrutent vraiment.

Un rapide parcours du papier et on décide d'entrer. Tiens, la salle est à l'étage, comme à l'autre. Cuisines au rez-de-chaussée, salle à l'étage. Nous montons au premier, encadrés par le maître de salle (enfin, juste le serveur le plus vieux) et deux autres jeunes derrière... et nous arrivons dans une salle absolument vide. Pas une table de mise. Une déco épileptique, faite à l'écrasé de pinceau, couleur mandarine. J'en ai encore mal à la tête. On prend place. Olive à l'oeil humide, bien qu'il ne convoite rien ici.

La clim est glaciale, et ils ont mis un ventilo à fond les ballons en plus. Au moins, on ne sentira pas la cuisine. Par contre, ils ont de la bière! Hourra! Nous commandons nos plats, nos essais, et pour une fois, mon poulet à l'afghanne est à tomber, ainsi que mes tandoori aloo, mes patates cuites façon tandoori, c'est à dire au four. Olive en avait hier soir, c'était super bon. Ce soir, elles ne ressemblent absolument pas à hier : ce sont des frites à la sauce tandoori. Mais très bonnes.

Olive a un plat un peu plus épicé et attend son accompagnement, ses pommes de terre "croustillantes" sauce je-sais-plus-quoi. Tout arrive en décalé. Il a quasiment fini sa viande quand le serveur arrive et pose le plat de pommes de terre... qui ressemblent en tout point à celles de hier. Les voilà, mes tandoori aloo... ce qui fait (Olivier réfléchit en synchro avec moi) que j'ai en fait mangé SES pommes de terre croustillantes qu'il trouvait lui aussi si bonnes. Oups...

Je ne parlerai pas du dessert (le sien) car il ne mériterait même pas de porter ce nom. Heureusement que le reste était convenable.

Demain, c'est départ à 8h.

Tu parles. Plutôt 8h30. On est en vacances, encore pour quelques jours, fichtre.